Girard-Perregaux Laureato: retour vers le futur
La Laureato, montre historique créée par Girard-Perregaux en 1975 méritait un essai au porter. Comment pareille pièce aux lignes puissantes et au graphisme intense faisait-elle réagir la rétine des amateurs. Réaction!
Disserter de l’équilibre graphique d’un produit horloger est souvent source de conflits entre les amateurs. Car chacun ayant ses goûts, il est rare de trouver un consensus absolu autour d’une pièce en particulier. Toutefois, il arrive parfois que tous les passionnés s’accordent sur le potentiel d’une montre parce qu’elle incarne en totalité les valeurs et les aspirations de toute une génération. C’est incontestablement le cas de la Laureato de Girard-Perregaux.
Aux sources d’une icône
Certains modèles marquent des jalons temporels au sein d’un continuum espace-temps et sont identifiés comme référents pour des époques données. Ainsi, en horlogerie, la décennie des «Seventies» a été une période marquée par de profondes mutations dans le métier. Certaines pièces ont su refléter ce changement à travers leur design
Cela leur vaut l’estime des amateurs en quête d’instruments capables de les faire reconnaître comme des «game changer», des acteurs d’un monde en mutation. Au nombre de ces références incontournables, il faut considérer la Laureato de Girard-Perregaux dont le lancement, en 1975, a offert aux «baby boomers» alors en pleine accession aux postes à responsabilités, de disposer d’une horlogerie qui, tournée vers l’avenir, était en soi conforme à leur aspiration et à la vision urbaine qu’ils se faisaient du futur.
Un design inspiré et intemporel
Conçu pour être visuellement en rupture par rapport aux produits d’antan, mais en accord avec ce que l’œil considère comme harmonieux, les concepteurs de la Laureato ont travaillé leur création comme les bâtisseurs d’hier: en faisant appel au Nombre d’Or et en appliquant les règles de la Divine Proportion. Ce cheminement devait les amener à produire une pièce dont le dessin aujourd’hui toujours aussi contemporain, renvoie aux canons classiques de la construction. Aussi, il n’est pas illogique de retrouver dans ses lignes pures des inspirations architecturales ayant donné lieu à des réalisations reconnues par tous comme d’ordre divin. Dans le cas présent, le dessin de la lunette octogonale de la Laureato pourrait dériver de celui du dôme de la cathédrale Santa Maria del Fiore à Florence.
Jouer des effets de la persistance rétinienne
Tout cela pour dire qu’à l’occasion du lancement de la Laureato de 42 mm au sein d’une collection appelée à rester au catalogue chez Girard-Perregaux, nous sommes allés l’essayer afin de nous faire un avis et surtout d’avoir celui d’un public déjà sensibilisé aux créations horlogères. On retient en premier lieu qu’avant même d’avoir passé cette pièce au poignet, son dessin franc dégage quelque chose d’une intense robustesse. Son puissant charisme ne laisse clairement pas insensible. Et si elle est perçue d’emblée comme sportive grâce à son dessin engagé, la Laureato revendique plutôt une place de montre citadine taillée pour accompagner un cadre ayant envie de mordre la vie à belle dent.
Graphiquement puissante, elle arbore toujours cette fameuse lunette octogonale. La question se pose de savoir si elle a plus d’impact visuel sur bracelet en alligator ou sur son fameux bracelet en acier alternant des maillons polis et satinés. Difficile de trancher. La version proposée sur alligator est probablement la plus européenne des deux, car on sait le cuir plus sensible aux climats humides, subtropicaux ou ayant à subir les effets de la mousson. Sur ce bracelet, elle se fait tout de suite oublier au poignet, son poids n’étant pas très élevé. Elle sera sans doute la référence que des cadres des grandes métropoles retiendront pour aller au travail.
Répondre au principe de l’évolution
Maintenant le bracelet en acier a aussi ses adeptes et, il faut avouer que, pour ce modèle, le dessin de ce-dernier contribue à renforcer la présence de la tête de montre. Qui plus est, très souple, il se règle au poignet pour s’y ajuster sans difficulté et se transforme d’emblée en un bijou donnant l’heure.
Robuste et chic avec son alternance de maillons polis et satinés, il ne nécessite aucun entretien et n’aura pas à souffrir d’un degré d’hygrométrie élevé. Evidemment, le rêve serait de disposer pour cette référence aujourd’hui proposée au diamètre poussé à 42 mm, d’un système simple et efficace permettant l’interchangeabilité des liens.
Si les deux versions ont leurs qualités, celle en acier accrochera sans doute plus le regard des amateurs. Le caractère distinctif du bracelet contribuant à rendre cette montre irrésistible. Mais la réussite d’une création tient surtout à la somme des détails qui valorisent celui qui en aura fait le choix. On notera comme point fort pour cette merveille étanche à 3 atmosphères, la présence de son cadran bleu intense qui arbore son historique et traditionnel guilloché «clou de Paris».
Cœur de référence, un calibre de manufacture
Mais que serait une pièce de prestige sans un calibre d’exception? Assurément peu de chose. C’est pourquoi la manufacture a doté cet instrument puissant de son calibre automatique de manufacture GP03300-0030. D’un diamètre de 11 lignes ½, doté de 27 rubis et de 46 heures de réserve de marche, il vibre à 28’800 alternances par heure pour garantir une précision qui, constatée et mesurée, avoisine celles chronométriques. Efficace et conforme à l’esprit du temps, ce cœur de référence produit, assemblé et réglé dans les ateliers de la manufacture basée à la Chaux-de-Fonds, est visible par le fond transparent et remplace avantageusement le mouvement à quartz qui habitait la version de 1975.
Ce changement n’est rien en soi puisque la montredoit incarner un esprit. Aujourd’hui, l’envie des hommes est de disposer d’un garde-temps qui, à la fois précis et artisanal, soit pensé pour passer les années sans prendre une ride. En dotant la Laureato d’un calibre mécanique à remontage automatique de manufacture, Girard-Perregaux répond en tous points aux attentes des consommateurs d’aujourd’hui et fait de cette montre inspirée du passé, mais tournée vers l’avenir, un outil horloger traditionnel conçu pour défier le temps lui-même…