Girard-Perregaux, un triptyque et d’incroyables talents
En entrouvrant le sas de sa Chambre des Merveilles avec trois pièces dédiées à la cartographie ancestrale, Girard-Perregaux s’aventure sur des territoires féériques où peuvent s’exprimer de rares savoirs pétris de minutie…
Avant les musées, il y avait en Europe à l’ère de la Renaissance, les cabinets de curiosités, gorgés de leurs trésors hétéroclites, de leurs récits fantastiques, de leurs exceptions naturelles, de leurs insolites découvertes et ouvertures sur les mondes secrets et magiques. Ils offraient non seulement un arrêt sur image des connaissances scientifiques de l’époque, mais aussi une amplification des croyances fantaisistes les plus répandues.
Des merveilles d’anciennes cartographies
Cette tradition, la marque de La Chaux-de-Fonds décide en 2015 de la faire revivre, de lui offrir quelque prolongement temporel, grâce à l’espace que peut offrir le cadran de montres d’exception. Et puisque cet espace est si petit, la démarche en appelle aux talents d’artistes de tous bords, passionnés et inventifs, surtout patients et minutieux.
Girard-Perregaux 1966 Nouveau Monde
Il convient dès lors de parler de merveilles et de chambre, d’autant que l’association de ces deux mots incite clairement aux soifs d’évasion et aux appels au large.
Le choix de la thématique 2015 – y en aura-t-il d’autres dans les prochaines années? – s’est porté sur l’univers de la cartographie à travers les âges. Dans leur quête de savoir inspirant, les auteurs de ces mappemondes, poètes, écrivains, savants et explorateurs, relèguaient souvent leurs voisinages territoriaux au rang de périphéries peuplées par des monstres humains et des animaux imaginaires. Les frontières, les fleuves et les dimensions géographiques étaient en fait le fruit d’une science multidisciplinaire où tout restait encore à découvrir. Des époques où les observations scientifiques étaient très influencées par l’inconscient collectif. Ces cartes anciennes apparaissent aujourd’hui d’autant plus attachantes et surprenantes qu’elles véhiculent toujours la dimension d’une relativité spatiale en rapport avec le facteur temps.
C’est au sein de garde-temps Girard-Perregaux 1966 caractérisés par leur boîte en or rose ainsi que le calibre manufacture automatique qu’ils renferment, qu’a pris place cette trilogie de cartographies.
Girard-Perregaux 1966 Perle des Merveilles
Cadran parchemin
En entrée de jeu, il y a Perle des Merveilles, une ancienne carte circulaire, à elle seule concentré d’histoire, dessinée durant la première moitié du cinquième siècle après J.-C par l’historien arabe Ibn al-Wardi. Elle reprend les thèses de Ptolémée, astronome et astrologue gréco-égyptien qui vécut à Alexandrie au début du deuxième siècle après J.-C. et qui est considéré comme le père de la géographie. L’astronomie arabe issue du Moyen-Âge était alors très avancée. Elle décrivait les constellations, réalisait des cartes du ciel et perfectionnait des instruments tels que l’astrolabe. Afin de restituer sur le cadran d’une montre cette vision du monde centrée sur la péninsule arabique, avec une Afrique montagneuse source d’un fleuve, le Nil, se jetant abruptement dans la Méditerranée et l’esquisse au loin du Golfe Persique, de l’océan indien, de l’Inde du Sind et même de la Chine, c’est de la pierre de Sodalite, dont le bleu caractéristique et la structure cristalline pourraient être perçus comme des incitations à sonder les profondeurs de la connaissance, qui a été choisie. Une fois sculptée et gravée main, elle accueille, façon mosaïque, les fragments découpés au scalpel d’un fin parchemin vieilli sur lesquels s’exprimera le talent d’un peintre en miniatures. Une couche de laque, stabilisatrice et protectrice, recouvre alors l’œuvre.
Girard-Perregaux 1966 Carte des Territoires
Encre de Chine et marqueterie fine de pierres
Réalisée par le jésuite italien Matteo Ricci débarqué à Macao en 1582, par ailleurs théologien, philosophe, mathématicien, cosmologue et astronome, la deuxième ancienne carte sélectionnée par Girard-Perregaux promeut la vision chinoise du monde sous la dynastie des Ming. Elle renferme l’état des connaissances géographiques mondiales d’alors, stylise déjà les cinq continents même si l’Afrique se résume à la seule Lybie et qu’une terre magellanique suppose l’Australie. Déjà, notre planète y est ronde. Quant aux variations entre la durée du jour et de la nuit, elles y sont détaillées, comme même certaines distances intersidérales. En toute logique, c’est donc au tour d’une encre de Chine fine d’entrer en scène et de s’apposer délicatement sur un cadran en pierre de jade gris-blanc, délicieusement nervuré et translucide. Alternances de ton clairs et foncés… à mes yeux la plus réussie des pièces proposées.
Girard-Perregaux 1966 Carte des Territoires
Pour clore cette trilogie de mappemondes historiques minutieusement reproduites, une marqueterie fine de pierres semi précieuses aboutit à la plus colorée des trois cartes, mariant l’aventurine bleue et rose, mêlant la calcite au jade néphrite canadien. Le genre de cadran qui, quelle que soit l’adresse de l’artiste qui s’y penche, réclame à force de taillage et d’assemblage une centaine d’heures de travail méticuleux.
C’est à ce prix que le nouveau monde «Novus Orbis» de Sébastian Münster (1488-1552), un religieux allemand auteur de cent quarante-deux dessins de cartes et père de la cartographie moderne, se détache sur le si petit espace d’un cadran de montre. Une surface exiguë à l’intérieur d’une boîte en or rose, transformée l’espace d’une trilogie thématique, en repaire de références et de rêve.