La Chambre des Merveilles trilogie: Girard Perregaux cartographie le passé
Girard-Perregaux récidive avec trois garde-temps Chambre des Merveilles dédiés aux connaissances cartographiques en Europe durant la Renaissance. La marque horlogère transforme ainsi ses cadrans en espaces infinis de création miniature.
Dès la fin du XVIème siècle, les princes européens constituèrent au gré de leurs passions d’étonnantes collections à partir de fabuleux trésors, de découvertes, et de récits fantastiques. Appelées Chambres des Merveilles ou Cabinets de Curiosités, ces mémoires de lieux étaient exposées dans des chambres écrins. Désireuse de conjuguer en procédés artisanaux et métiers d’art ces visions particulières du monde, la marque chaux-de-fonnière s’aventure à nouveau sur le chemin des infinies thématiques contenues dans ces espaces qui précèdent les premières expressions muséales.
Quelles surfaces plus attractives que les parois de ces Chambres des Merveilles, pour recevoir les élans créatifs des artistes et artisans de l’infiniment petit? Alors que le monde entier se régale de ces savoir-faire rares que la haute horlogerie suisse a rebaptisés métiers d’art, Girard-Perregaux persiste en 2016 à célébrer d’une manière originale la dextérité, la minutie et la patience. Ces valeurs qui se concentrent déjà au sein de sa Manufacture depuis 1791, trouvent ici, à même l’espace réduit d’un cadran de montre, un souffle nouveau. Sur fond de poésie, d’appels au large et de fantaisie, avec en filigrane, les mariages heureux ou les unions improbables entre matériaux d’exception et techniques en voie de raréfaction.
Ciels et terres en miroir
Davantage que de simples démonstrations de prouesse manuelle, les représentations cartographiques reproduites et réinterprétées sur les cadrans de les trois modèles 2016 Chambre des Merveilles célèbrent les visions d’érudits et de figures célèbres de l’histoire de l’humanité. Elles sont le témoignage de l’état des connaissances d’antan. Leur rapport au temps qui s’écoule et qui fige les certitudes est indéniable. Quant aux plages spatio-temporelles auxquelles elles se réfèrent, elles dévoilent indirectement des limites et une relativité qui rendent touchants les actes créatifs.
En 2016, la marque offre ainsi à sa collection Girard-Perregaux 1966 or rose une trilogie supplémentaire de pièces numérotées habitées par un calibre manufacture automatique dont les cadrans célèbrent la vision de la terre depuis l’univers ou celle de l’univers depuis le sol terrien. Ces véritables voyages interplanétaires, ouvrent la famille horlogère Chambre des Merveilles à de nouvelles lectures colorées du passé, à des compréhensions neuves d’objets référents surgis de l’Histoire universelle.
Premier modèle, «La Terre, Centre de l’Univers»
L’astronome gréco-romain Ptolémée, l’un des précurseurs de la géographie, qui vécut à Alexandrie au début du IIème siècle après J.-C., était fasciné par les interactions entre la terre et le soleil, la terre et la lune ainsi que par leurs influences sur les climats. Bien qu’incomplète, sa représentation de la terre se voulait déjà sphérique, découvrant cette géométrie encore en cours de nos jours de la grille des latitudes et des longitudes. Son traité de géographie et les cartes représentées, ont inspiré le célèbre explorateur Christophe Colomb qui en étudia minutieusement les tracés afin de trouver une motivation supplémentaire dans sa découverte du Nouveau Monde.
Feuilles d’or et marqueterie de pierre. La réalisation de cette rarissime Girard-Perregaux met en scène la technique d’une marqueterie de pierre enjolivée par le talent des peintres miniature. En résulte une profondeur que seule la pierre sculptée en disques minces, puis polie et posée à la manière d’un joyau, est à même de restituer. Entrent alors en scène des matériaux capables de parcourir différentes intensités de bleu, le lapis, l’aventurine, ou de refléter la chaleur opaque d’un blanc, l’émail. Les étendues marines et les frontières de l’inconnu sont ainsi matérialisées. C’est alors que les pinceaux trempés dans de la feuille d’or, caressent délicatement les surfaces, leur insufflant des formes et des reliefs. Les motifs ainsi mis à jour, au terme d’une infinie patience, symbolisent la terre ferme et ses contours.
Deuxième modèle, «Le Soleil, Centre de l’Univers»
Le géocentrisme plaçait la terre au centre de l’univers. A l’inverse, l’héliocentrisme fait du soleil un point fixe de l’univers autour duquel s’activent les orbes célestes, dont la sphère terrestre. Cette théorie de rupture révolutionna la pensée scientifique et philosophique au milieu du seizième siècle. Son auteur, l’astronome polonais Nicolas Copernic (1473-1543), voit sa théorie «Des Révolutions des Orbes Célestes» imprimée pour la première fois à Nuremberg en 1543. L’histoire révélera que le savant émettait déjà une trentaine d’années auparavant, les thèses disruptives que le monde allait baptiser la révolution copernicienne. Depuis ce jour, la lune tourne autour de la terre qui elle-même tourne sur elle-même et autour du soleil.
Mosaïque de pierres et peintures miniature. La célébration de la renaissance des 24 heures selon Copernic, ce temps que la terre prend pour tourner sur elle-même et engendrer un nouveau jour, devait naturellement emprunter, une voie tapissée de couleurs chaudes et soyeuses. Un peu comme si la terre regardait le soleil et se laissait hypnotiser par son incandescence. Girard-Perregaux se tourne donc vers de l’aventurine orangée et de la jade grise qu’elle marie soit à une sorte de calcédoine tirant vers le brun rougeâtre opaque, soit à une cornaline aux rougeurs plus osées et intenses.
Comme à chaque interprétation cartographique reproduite sur les cadrans qui composent la famille Chambre des Merveilles, aux techniques horlogères originelles s’ajoutent un bouquet de talents divers, tels que les peintres miniatures.
Leurs touches finales donnent à l’incroyable construction visuelle patiemment issue de l’assemblage en mosaïque de pierres sculptées et polies, une puissante justesse esthétique.
Troisième modèle, «Globe Céleste» à l’heure du Roi Soleil
Cartographe et cosmographe, Vincenzo Maria Coronelli (1650-1718) fabriquait des globes. De ce moine franciscain né et mort à Venise, docteur en théologie et encyclopédiste, l’histoire universelle retient notamment deux globes géants qu’il réalise à Paris en hommage au roi soleil, Louis XIV. D’un diamètre de 382 centimètres et pèsent environ 2 tonnes chacun. L’un est terrestre, l’autre céleste, avec la représentation du ciel telle qu’il était perçu à la date de naissance du monarque, à savoir le 5 septembre 1638. Sur les 1880 corps célestes qui y sont représentés, 72 constellations épousent la forme d’animaux fantastiques et de figures mythologiques. L’oeuvre entièrement bleutée, qui comporte douze zones égales symbolisant les saisons lorsque le Soleil traverse les constellations zodiacales, sera peinte et enluminée par Jean-Baptiste Corneille.
Gravure, traitements galvaniques et feuilles d’or. Sur ce modèle, le troisième de la trilogie 2016 Chambre des Merveilles, c’est une ode magistrale à la couleur bleue et à l’infinité de ses intensités qui est déposée à même la petitesse d’un cadran de montre. Puis, les artistes ouvriers de la Manufacture Girard-Perregaux manient autant la feuille d’or placée dans la creusures de sillons que les habiletés étonnante des graveurs à la mains.
Elle y ajoute sa science des traitements métalliques, sur fond d’alchimie galvanoplastique, comme sa connaissance du travail délicat et subtil du saphir. Tout en finesse, cette réalisation, la dernière de la trilogie Chambre des Merveille 2016, explore délicatement l’infinité des nuances de la couleur bleue…
Démonstration d’arts majeurs
En instaurant la famille Chambre des Merveilles dans ses collections de manière apparemment pérenne, puisqu’il s’agit d’une deuxième trilogie, Girard-Perregaux démontre comme jamais que les techniques horlogères originelles sont de nature à se mesurer aux expressions les plus abouties des arts dits majeurs. Cette relève des défis les plus audacieux sur fond d’Histoire réappropriée, s’inscrit dans la grande tradition d’audace d’une plus anciennes Manufactures. Elle incarne la rencontre originale entre les arts manufacturiers d’une région de montagne dédiée à l’horlogerie d’excellence et les connaissances pluridisciplinaires de l’ouverture au monde.